mardi 15 septembre 2009

Osons être paresseux



OSONS ETRE PARESSEUX


A quoi voulez vous que je me repose ? dit Flaubert.
Rousseau, à la fin de sa vie faisait de la dentelle.


Ne rien faire, regarder l’herbe pousser. Se laisser glisser dans le cours du temps : se faire un café, prendre un verre d’eau…
Faire de sa vie un dimanche.


Roland Barthes, dans un article intitulé « Osons la paresse » parle du TRICOT
(Monde du Dimanche 16/09/79)


Tricoter, c’est le geste même d’une certaine paresse, sauf si l’on est rattrapé par le désir de finir l’ouvrage.
Mais les conventions interdisent aux hommes de tricoter.
Cela n’a pas toujours été. Il y a cent cinquante ans, cent ans peut être, les hommes faisaient couramment de la tapisserie.
Maintenant, ce n’est plus possible.
Le spectacle, la chose la plus conformiste et donc, à la lettre la plus scandaleuse que j’aie
jamais vue dans ma vie, scandaleuse non pour moi, mais pour les gens qui y assistaient, c’était, dans un wagon de métro à Paris, un jeune homme qui a sorti de son sac un tricot et s’est mis ostensiblement à tricoter.
Tout le monde a eu une sensation de scandale, mais personne ne l’a dit.
Le tricot, voilà l’exemple d’une activité manuelle, minimale, gratuite, sans finalité, mais qui représente tout de même une belle paresse bien réussie.

Il faudrait voir aussi ce qu’est la paresse dans la vie moderne.
Avez-vous remarqué que l’on parle toujours d’un droit aux loisirs, mais jamais d’un droit à la paresse ? Je me demande d’ailleurs si chez nous, occidentaux et modernes, cela existe : Ne rien faire.


Roland Barthes



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